14 | 04 - 09 | 06 | 2007

 



John ARMLEDER
TIAHUNACO (2007)

installation view ColletPark Paris




 

 

 


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John ARMLEDER
OPAR (2007)

installation view ColletPark Paris














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John ARMLEDER
PLAN SIDERAL (2007)

installation view ColletPark Paris













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John ARMLEDER
TIAHUANACO (2007)

installation view ColletPark Paris














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John ARMLEDER
PLAN SIDERAL (2007)

installation view ColletPark Paris














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John ARMLEDER
PLAN SIDERAL (2007)

installation view ColletPark Paris














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John ARMLEDER
ORICHALQUE (2007)

installation view ColletPark Paris














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John ARMLEDER
PLAN SIDERAL (2007)

installation view ColletPark Paris














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John ARMLEDER
PLAN SIDERAL (2007)

installation view ColletPark Paris














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John ARMLEDER
ZOTHIQUE (2007)

installation view ColletPark Paris














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John ARMLEDER
PLAN SIDERAL (2007)

installation view ColletPark Paris














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John ARMLEDER
OPAR (2007)

installation view ColletPark Paris





 

 



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JOHN ARMLEDER

PLAN SIDERAL


vendredi 13 avril 2007



Quelques questions-réponses entre John Armleder
et Nicolas Trembley à propos de Plan Sidéral


Nicolas Trembley : Tu as découvert cette exposition et les éléments qui la constituent peu de temps avant son ouverture. Produis-tu souvent des pièces que tu ne connais pas à l'avance ?
John Armleder : Il y a des pièces que je n'ai jamais vues de ma vie, que je n'ai jamais eu l'intention de mettre en place et qui me sont proposées toute faite par des autres artistes ou des galeristes, mais c'est assez rare. Je viens de découvrir une gravure au Vietnam que quelqu'un a réalisé à ma place en imaginant que j'aurais pu la faire. Ce cas de figure qui ne se présente pas souvent me plait énormément parce que dans le fond, j'ai toujours eu ce rêve de faire des œuvres que je ne reconnaisse pas. J'ai déjà cité cette idée d'aller dans un musée, de regarder une œuvre que je trouve pas mal et de voir sur le cartel qu'elle est de moi. C'est une chose assez difficile à faire mais là c'est en train d'arriver de temps à autre. J'aurais aimé faire des choses tellement génériques que moi-même je ne les reconnaisse pas.
Nicolas Trembley : Tu as aussi réalisé parfois des pièces en collaboration avec d'autres artistes...
John Armleder : Oui comme la Furniture-sculpture avec Sylvie Fleury qui est devenue en quelque sorte emblématique de toute une série de production. C'était presque le schéma idéal puisque nous étions dans un magasin de fourniture pour acheter du papier peint et il y avait des chutes de rouleaux de moquettes posées contre un mur. Et Sylvie en les voyant me dit: « c'est exactement quelque chose que tu voudrais faire, pourquoi ne prends-tu pas déjà cela ? ». Je l'ai donc fait et c'est une situation parfaite puisque je n'ai eu ni l'idée, ni l'intention de faire cette pièce qui par une sorte de concours de circonstance est devenue évidente et incorporée à l'exposition que je préparais à ce moment-là.
Nicolas Trembley : Tu parlais de la légende qui dit que Moholy-Nagy donnait ses instructions pour réaliser ses oeuvres par téléphone...
John Armleder : Cela m'arrive quand il s'agit de pièces comme des peintures murales où les néons ici, qui demandent une fabrication. Je ne les vois qu'une fois réalisées, et je ne corrige rien puisque de toute manière j'accepte tous les changements de parcours, les accidents parce que je pense qu'une pièce est terminée conceptuellement avant qu'elle ne soit produite. Quand je fais une peinture à pois rouge par exemple mais que dans l'atelier je n'ai que du bleu, je fais cette peinture à pois rouge avec du bleu et pour moi cela ne change rien au processus.Dans le cas de cette exposition, Denis Collet avait l'opportunité de faire des surfs, il m'en a parlé, peut-être connaissait-il la pièce que j'avais faite à Los Angeles il y a quelques années qui comprenait aussi des surfs. Il a fait une recherche concernant l'hologramme qui les recouvre et un jour je lui ai proposé de faire une exposition avec ces surfs sans savoir ce que je voulais en faire et dans le fond je ne savais pas vraiment comment on allait les installer puisque je ne connaissais pas l'espace de la galerie. Ce qui m'intéresse dans ce schéma c'est qu'il y a une instigation qui vient de l'histoire de mon travail. Il y a une adhésion de ma part à la lecture que les gens font de mon travail quelle qu'elle soit même si c'est parfois erroné parce que je pense que ces pratiques sont des activateurs ou des « augmenteurs » de surface au niveau de la réception des pièces. J'adhère très facilement à la bonne ou à la mauvaise lecture parce que je le fais moi-même avec mon propre travail.
Nicolas Trembley : Boules disco, surfs, sphères en métal, quelle est le cheminement qui conduit à la juxtaposition de ces éléments hétéroclites ?
John Armleder : Dans le fond ce que je fais dans beaucoup d'installation c'est de confronter des arguments individuels que je juxtapose les uns sur les autres. Je mets souvent en connivences des pièces qui à l'origine ne sont pas conçues comme formant un ensemble. Une fois agencée conjointement, il se crée un nouvel événement, qui lui, est indépendant des détails qui la composent. Ce sont des pièces hétérogènes dont l'identité est contestée également par leur mise en rapport public parce que lorsque l'on accroche quelque chose sur un mur blanc, on le modifie déjà fondamentalement par rapport à l'idée abstraite de l'œuvre sans espace. Si tu imagines un tableau comme une reproduction de l'image et que tu en abstrais le reste du monde, tu fais quelque chose de singulier et quand tu le mets dans une galerie plus ou moins grande et visitée par des gens différents qui auront mangé des choses différentes etc, tu modifies l'œuvre tout de suite. Dans le fond ce que je fais dans ces superpositions, c'est que j'accentue et j'accélère ce processus de modification.
Nicolas Trembley : Et qu'en est-il de l'aspect décoratif, bling bling et discothèque ?
John Armleder : Cet aspect dans mon travail se trouve convoqué par la nature précise de ces objets. À partir du moment où les surfs ont cette surface immatérielle, cela réfute l'identité visuelle que l'on s'en fait optiquement puisque cela bouge. Et comme les autres éléments de lumières sont mobiles, instables en quelque sorte par rapport à notre capacité perceptive visuelle, mon travail a été naturellement dans cette direction-là mais on ne peut pas dire que je sois spécialisé dans ce champ. Il m'intéresse parce qu'il conteste les autres champs, il a ce côté pur et dur d'une certaine radicalité de l'abstraction que j'ai aussi pratiqué mais qui est mise en doute par ce côté décoratif et vice-versa.Ce que j'aime faire lorsque j'en ai l'occasion, c'est de convoquer certaines pièces qui semblent définir une piste de mon travail, ici la piste du piège optique et significatif, c'est-à-dire qu'on a ce rapport avec quelque chose qui est complètement en surface et complètement « ambiant », mais que tout ce qui le constitue est extrêmement formaliste. Il y a donc un champ contradictoire entre une mise en place qui serait formaliste, un accrochage en ligne par exemple qui renvoie à une forme de rigueur minimaliste et l'identité de ces objets qui font aussi référence à la culture Hawaïo-californienne par exemple. Quelque part c'est le cauchemar de Carl André ou de Sol Lewitt, tout du moins au début de leur carrière. J'utilise leurs arguments pour en faire quelque chose qui soit le contraire, comme l'idée de l'éphémère, de la fête avec les boules discos, ce qui n'est pas du tout pratiqué ici puisque présenté comme une sculpture formaliste. C'est ce va et vient qui m'intéresse.
Nicolas Trembley : Serais-tu prêt à laisser quelqu'un installer ton exposition à ta place ?
John Armleder : La vérité c'est que je serais plus enclin à cela que le galeriste, collectionneur ou critique qui souhaite encore la participation un peu fétichiste de l'artiste. Si je suis sur place lors d'une exposition, je me dis que je dois bien faire quelque chose et effectivement les gens s'accordent à dire que quand je fais quelque chose, on reconnaît que je l'ai fait. En fait j'ai cet avis que la personne qui fait l'œuvre c'est celle qui la regarde. Le véritable auteur c'est l'utilisateur et l'on peut faire ce que l'on veut, on ne domine pas ce qui se passe dans la tête de l'utilisateur puisqu'il va de toute façon voir différemment. Je laisse beaucoup de liberté et pourtant on peut me trouver dirigiste aussi. C'est très paradoxal. Mais au final, Je n'ai pas d'a priori, et si quelqu'un venait me voir en me disant : « j'ai fait une exposition de vous avec des œuvres que vous n'avez jamais vues et je les ai installées comme je veux », l'exotisme du moment m'exciterait tellement que je serais ravi.
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John ARMLEDER ColletPark Paris (2007)

photography Hyun PARK






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